MICHEL PIQUEMAL INTERVIEWÉ PAR LES ÉLÈVES DE 6ÈME

MICHEL PIQUEMAL INTERVIEWÉ PAR LES ÉLÈVES DE 6ÈME

Les élèves de la classe de 6ème C ont profité de la visite de l’écrivain Michel Piquemal au Lycée Alphonse de Lamartine pour lui poser un tas de questions sur sa vie et son œuvre.

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Un élève – Pourquoi avez-vous décidé de devenir écrivain ?

Michel Piquemal – Je crois que j’ai toujours aimé les livres depuis que j’étais tout petit. Il y a peut-être une raison. A l’âge de sept ans, j’ai été malade. Je suis resté longtemps allongé dans mon lit. Et on s’ennuie quand on est dans un lit. De mon temps, il n’y avait pas d’ordinateur, pas de Game Boy. La télé ne marchait que la nuit et encore, elle était en noir et blanc.  Comme je venais tout juste d’apprendre à lire, j’ai réussi à m’évader du lit en lisant. Je crois que j’ai eu la passion des livres à cause de ça.

E- Parlez-nous de votre premier voyage.

M.P – Mon premier voyage a été à New York. C’était mon rêve de petit français d’aller en Amérique, comme beaucoup de libanais rêvent d’aller à Paris. Puis après, je suis allé au Canada et je me suis passionné pour les indiens. Tous les premiers livres que j’ai écrits, c’était sur les indiens. Le fait de voyager me donne des idées pour mes livres.

E- Vous êtes écrivain. Avez-vous essayé d’exercer un autre métier ?

M.P – Oui, j’ai été maître d’école. J’ai été aussi un moment éditeur. Un éditeur, c’est un monsieur qui choisit les livres qui vont paraître et qui aide l’auteur à les corriger, à les arranger… Il reçoit plein de manuscrits, c’est-à-dire les livres écrits par des gens, mais qui ne sont pas encore des livres. Et peut-être, sur cinquante qu’il va lire, il y en a seulement un pour lequel il va dire : Ah voilà, celui-là on va le publier…

E – Si le passé revenait, quel métier choisiriez-vous ?

M.P – Ah ! Si j’avais droit à une seconde vie, je serais archéologue. La première chose que j’ai faite quand je suis arrivé au Liban, c’est d’aller au Musée National de Beyrouth. Il est formé de trois étages. Le sous-sol était fermé depuis la guerre. Il y a deux mois, toutes les salles du sous-sol ont été réouvertes… Si vous venez chez moi, c’est un musée ! Ma maison est un musée d’archéologie.

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E – Quels genres d’ouvrages avez-vous écrits ?

M.P – Je me suis amusé à tout écrire. : des poésies, des chansons, des romans, des nouvelles, du théâtre, des livres fantastiques, des romans policiers… J’ai absolument tout écrit : de la science-fiction et j’ai même écrit des livres documentaires. J’ai écrit le seul livre qui existe sur les gauchers : Je suis gaucher. J’ai écrit des romans et des essais pour les adultes, et des livres pour les enfants… J’ai même fait des scénarios de films.  Le seul livre que je n’ai pas fait, c’est les mangas, les bande-dessinées japonaises.

E – Quel genre de livre aimez-vous écrire le plus ?

M.P – J’aime écrire des histoires pour les tout-petits. J’ai écrit Le Grand Livre des Méchants, La poule qui pond des patates, Le Loup à l’école…  Mais j’aime bien changer : après avoir fait un livre pour les petits, faire un livre pour les grands ou un roman fantastique.

E – Combien de livres écrivez-vous par an ?

M.P – J’écris à peu près sept ou huit livres par an. Il y a des livres que j’ai écrits mais qui ne sortiront que l’année prochaine. Parfois, il faut un an à l’illustrateur pour qu’il termine les dessins d’un livre. Le livre qui vient de sortir, je l’avais écrit en 2015. C’est une histoire assez incroyable, une histoire vraie qui s’est passée en Amérique latine. Des enfants qui vivaient dans un bidonville ont appris à faire de la musique. Or, comme ils n’avaient pas d’argent pour acheter des instruments, ils les ont fabriqués avec tout ce qu’ils trouvaient dans les poubelles. Et donc, ils ont fabriqué des guitares qui tiennent avec des fourchettes, des violons avec des boîtes de conserve qui ont été découpées… Et ils ont formé un orchestre, un grand orchestre qui joue Mozart, Beethoven, Bach… dans le monde entier. Si vous allez sur internet, vous tapez orchestre recyclé, vous allez les entendre jouer. C’est une très belle histoire ! Un monsieur qui décide d’apprendre à des enfants qui vivent dans les poubelles à jouer de la musique classique, c’est un peu exceptionnel ! De temps en temps donc, j’aime raconter comme ça des histoires vraies.

E – Est-ce que vous avez écrit des livres en anglais ?

M.P – Moi, non. Mais mes livres sont parfois traduits. Par exemple, les Philo-fables, tu pourrais les lire en espagnol, en italien, en chinois, en coréen, en russe… J’ai un livre écrit dans deux langues : l’arabe et le français. Il s’appelle Mon Miel, Ma Douceur. C’est l’histoire d’une petite fille avec sa grand-mère qui habite en Algérie. Celui qui m’a aidé pour la langue arabe, c’est un grand écrivain libanais, conteur, qui s’appelle Jihad Darwich.

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