« Je suis concitoyen de toute âme qui pense ; La vérité, c’est mon pays. »

Alphonse de Lamartine………..

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Alphonse de LAMARTINE est l’un de nos plus grands poètes et l’un des hommes politiques qui ont contribué à changer en profondeur la société française. Lamartine est déjà un écrivain très connu lorsqu’il décide de venir au Liban en 1832.

La publication de ses poèmes (Harmonies, Méditations) a eu un grand succès. Il a été élu à l’Académie française. Il est considéré, à 42 ans, comme l’un des maîtres de la jeune génération des écrivains romantiques occidentaux.

Il vient au Liban pour deux raisons.

L’attrait de l’Orient sera important pendant tout le XIXe siècle, sur les intellectuels français: Chateaubriand, Flaubert, Théophile Gautier, Loti, Renan, Nerval. Des liens existent déjà entre le Liban et la France: liens culturels (congrégations religieuses), liens consulaires (depuis François 1er).

La maladie de sa fille Julia, âgée de 10 ans, atteinte de tuberculose et pour laquelle le climat du Liban pouvait être une chance de guérison. Hélas! c’est dans cette maison que Julia sera emportée par une dernière crise, deux mois à peine après son arrivée à Beyrouth.

Lamartine habite Beyrouth de septembre 1832 à avril 1833.
Les cinq maisons qu’il loue dans la campagne de Beyrouth (une seule subsiste) sur les hauteurs d’Achrafieh, constitueront autant de pied à terre pendant ses nombreuses courses à travers le pays. Il y loge avec sa famille, son personnel de service, une bibliothèque de 500 volumes, 14 chevaux…

C’est plus qu’un voyage. C’est une véritable expédition qu’engage Lamartine.
Ce voyage et ce séjour sont pour Lamartine: D’abord, un voyage romantique dans un pays dont le mystérieux oriental fascine les Occidentaux et qui sera pour l’auteur l’occasion de descriptions d’une très grande qualité littéraire: le coucher de soleil à Baalbeck, le récit d’une excursion dans la vallée de la Kadisha sont des morceaux d’anthologie.
Ensuite, un voyage spirituel. Pour Lamartine, voyager en Orient, c’est faire un pèlerinage au berceau du christianisme. Mais c’est, aussi, aller à la découverte des autres religions qui constituent la richesse et la singularité du Liban.

Enfin, un voyage vers les autres, en prise sur le réel, chez un homme qui possède au plus haut point le sens des échanges et des contacts humains. Tout l’intéresse: la vie quotidienne, les langues, les costumes, l’habitat, etc…

Il écrit dans “Voyage en Orient”: “Il n’y a d’homme complet que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.”

Après son voyage au Liban, Lamartine jouera en France un rôle politique de premier plan.

– Février 1848: Après l’abdication de Louis-Philippe, Lamartine et six autres députés (dont Arago, Ledru-Rollin, Garnier, Pages) proclament la République et une série de réformes fondamentales: suffrage universel (le corps électoral passe de 240.000 à 9 millions), liberté de la presse, abolition de la peine de mort pour raisons politiques, abolition de l’esclavage dans les colonies.

– Avril 1848: Après les élections à l’Assemblée, Lamartine fait partie de la commission exécutive qui gouverne le pays jusqu’aux élections présidentielles de décembre (Lamartine sera candidat contre Louis-Napoléon Bonaparte).

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IMAGES DE BEYROUTH PAR LAMARTINE en 1832

« Le 3 septembre à deux heures du matin: le capitaine du brick a reconnu les cimes du Mont-Liban. Il m’appelle pour me les montrer… Je levai, alors, les yeux vers le ciel et je vis la crête blanche et dorée du Sannine qui planait dans le firmament au-dessus de nous… C’est une des plus magnifiques et plus douces impressions que j’aie ressenties dans mes longs voyages et puis, c’était la terre où j’allais enfin faire reposer dans un climat délicieux, sur quelque colline verdoyante tout ce que j’avais de plus cher au monde, ma femme et ma Julia (ma fille).
Bayruth. 6 septembre, neuf heures du matin. Nous étions devant Bayruth, une des villes les plus peuplées de la côte anciennement Béryte, devenue colonie romaine sous Auguste, qui lui donna le nom de Félix Julia, sa fille. Cette épithète d’heureuse lui fut attribuée à cause de la fertilité de ses environs, de son incomparable climat et de la magnificence de sa situation (…)
7 septembre. J’ai loué cinq maisons qui forment un groupe et que je réunirai par des escaliers en bois… La maison est à dix minutes de la ville, on y arrive par des sentiers ombragés (…)
La ville (de Beyrouth) occupe une gracieuse colline qui descend en pente douce vers la mer; quelques bras de terre ou de rochers s’avancent dans les flots et portent des fortifications turques de l’effet le plus pittoresque; la rade est fermée par une langue de terre qui défend la mer des vents d’est; toute cette langue de terre, ainsi que les collines environnantes sont couvertes de la plus riche végétation; les mûriers à soie sont plantés partout et élevés d’étage en étage sur des terrasses artificielles; les caroubiers à la sombre verdure et au dôme majestueux. Les figuiers, les platanes, les orangers, les grenadiers et une quantité d’autres arbres ou arbustes étrangers à nos climats, étendent sur toutes les parties du rivage, voisines de la mer, le voile harmonieux de leurs divers feuillages; plus loin, sur les premières pentes des montagnes, les forêts d’oliviers touchent le paysage de leur verdure grise et cendrée: à une lieue environ de la ville, les hautes montagnes des chaînes du Liban commencent à se dresser; elles y ouvrent des gorges profondes, où l’œil se perd dans les ténèbres du lointain; elles y versent de larges torrents, devenus des fleuves. »

(Textes tirés de “Les Orientalistes au Liban”, édité par Richard Chahine)